Correcteur orthographique : pédagogue ?
1 décembre 2014 - Actualités et opinions sur l'orthographeLe correcteur d’orthographe est-il un âne ?
Il y a quelques mois, dans un autre article, le « Blog orthographique » posait déjà cette question. Et, pour y répondre, il était proposé une expérience « hautement scientifique » sous la forme d’un petit texte à soumettre aux correcteurs orthographiques.
Ce texte commençait comme ceci :
«à l’eau ? la peau lisse ?
eau ce cours, ces plus pot cible… »
Suivaient une dizaine de lignes du même genre. Ce texte, tellement truffé de fautes d’orthographe qu’il est nécessaire de le lire à voix haute pour le comprendre, est destiné à être soumis aux correcteurs d’orthographe. Et… ils ne trouvent rien à y redire !
Tout simplement parce que tous les mots utilisés existent ! Et ils sont correctement orthographiés, même s’ils sont utilisés de façon absurde.
Alors, des ânes, les correcteurs d’orthographe ?
Le sujet mérite d’être examiné d’un peu plus près…
Le correcteur d’orthographe de base…
Dans son blog, ironiquement nommé « Chouette, le niveau baisse », un enseignant souligne : «Il n’est pas question de parler ici des versions de base présentes dans les traitements de texte habituels, mais des correcteurs informatiques professionnels. Ceux-ci sont capables de retrouver plus de 85 pour cent des erreurs présentes dans les textes qui leur sont soumis (une quinzaine de pour cent seulement pour les correcteurs de base…) ».
Autrement dit, pour ce qui est des correcteurs orthographiques de base, il fait le même constat que moi : ce sont des ânes !
J’irai même jusqu’à dire que ce sont des ânes dangereux… en effet, sachant qu’ils ne corrigent que 15 %, grosso modo, des fautes d’orthographe, ils en laissent passer 85 % !
Et celles-ci, compte tenu de la confiance à peu près aveugle qui est portée au « correcteur », sont complètement ignorées, et donc renouvelables à l’infini ! Grave !
Le correcteur d’orthographe professionnel.
Là, c’est autre chose.
Ils peuvent aller jusqu’à 85 % de correction, environ.
Ils sont capables également d’analyser le contexte d’un mot, de donner plusieurs niveaux l’explication (de la simple info bulle à l’explication contextuelle détaillée), et même de proposer des dictionnaires. Nous quittons là le simple correcteur orthographique maladroit pour atteindre l’aide à la rédaction.
Je conseille la lecture d’une étude bien faite qui a été publiée par « commentçamarche.net ».
Les correcteurs orthographiques pédagogues ?
En dépit de tous leurs défauts, on peut quand même trouver une qualité aux correcteurs d’orthographe : ils peuvent s’avérer pédagogues ! Oui, mais tout dépend de la façon dont ils sont utilisés…
Les correcteurs d’orthographe, en effet, vous soumettent des propositions.
À partir de là, on prend systématiquement et bêtement la première, en la supposant meilleure. Ou bien on exerce une certaine « sagacité orthographique », et on réfléchit avant de fixer son choix. En ce sens, il est possible de les utiliser pour faire des progrès !
Je cite à nouveau le blog de cet enseignant belge :
«On en voit déjà monter sur leurs grands chevaux : ce n’est pas ça qui va apprendre aux élèves à faire attention à leur orthographe ! C’est le correcteur qui va faire le boulot à la place de l’élève !
Ils n’y sont absolument pas : le correcteur ne corrige pas, n’écrit pas à la place de l’élève. Au contraire ! »
En plaçant son texte sous le prisme informatique du correcteur, l’usager est placé devant un choix, qui aiguise son regard métalinguistique et critique : accepter ou non le changement proposé.
On est également placé devant l’explication de son erreur (révision utile de la règle ou de la procédure). Il est par ailleurs possible de consulter ses statistiques personnelles et de dresser un bilan des erreurs commises.
Le correcteur informatique, bien manipulé, peut se révéler un véritable outil pour progresser et faire le point sur ses carences en vue de les pallier. Les correcteurs ne constituent certes pas la panacée. Mais sont une pierre désormais essentielle à la construction orthographique de tout un chacun ».
Vision peu courante…
C’est une vision peu courante des correcteurs orthographiques qu’il propose ainsi, mais je dois dire que j’y souscris, même s’il ne faut pas se cacher qu’elle demande réflexion et travail. Car le correcteur orthographique (parfois nommé correcteur d’orthographe, ou même, je l’ai vu, correcteur de fautes d’orthographe… c’est beau, la foi !) ne corrige rien du tout : il propose, et c’est à l’utilisateur de choisir, et donc de réfléchir.
Et les « Orthochansons », et les « Fables Orthographiques » ?
Quoi qu’il en soit, que ce soient des ânes, ou pas, qu’ils puissent être pédagogues, ou pas, les correcteurs d’orthographe n’ont d’utilité qu’auprès de ceux qui font, ou risquent de faire, des fautes d’orthographe !
Alors, bien sûr, je ne peux conclure qu’en soulignant toute l’utilité préalable de « l’orthographe en chansons », joyeusement exprimée par les 25 Orthochansons !
Sans oublier, bien sûr, leurs 75 petites sœurs, les « Fables Orthographiques« , avec leurs « Moralités », comme celles de La Fontaine, en plus « déjantées », leurs règles succinctes, leurs dictées corrigées, etc…!
Liens utiles :
Choisir un correcteur d’orthographe ; http://www.commentcamarche.net/faq/28500-correcteurs-orthographiques-bien-les-choisir-et-les-utiliser
Mon préféré, Antidote : http://logiciel.fnac.com/a5032357/Antidote-8-Correcteur-grammatical-et-dictionnaire-pour-le-francais-DVD-ROM-PC-Mac (possible aussi sur autres sites marchands)
Test comparatif : http://francoiscoulaud.fr/?p=7791